Seule pour accoucher!!!!

Publié le par Vanou

Cet article est peut-être l'un des plus pénibles à écrire et à lire pour vous mais, pour apprécier l'histoire de Rafaël, il faut connaître cette page de sa vie : sa naissance. Très peu de gens connaissent le déroulement de ce jour, même mon Riri en ignore certains détails. Voilà chose faite!!!
Suite à ma grossesse qui fut une angoisse permanente, le pire n'était pas arrivé : j'allais devoir accoucher très prématurément seule sans mon Riri, ni aucune assistance médicale!!!

Le 16 décembre au soir, nous regardions NCIS, quand vers 22h je ressentis un immense coup de poing à l'intérieur de mon ventre (Riri a même entendu ce bruit). J'étais allongée sur le canapé rien de bizarre ne venait mais pourtant, je savais que tout avait basculé. En me rendant aux toilettes, j'étais devenue une fontaine à eaux (cette fois-ci), je perdais les eaux...Nous avons contacté une ambulance pour m'emmener, prévenue la mater et ma Mère pourqu'elle vienne garder Clara.
Le transport se passa sans souci (Riri nous suivait en voiture), je ressentais tout de même pas mal de contractions et les ambulanciers étaient vraiment bien sympathiques et essayait de me rassurer.
Le gygy de la mater en m'examinant trouva mon col ouvert à 1cm et suite à l'écho, la seule chose qu'il me dit c'est qu'il restait très peu de liquide. Rien de plus sur l'issu à venir. D'un grand professionnalisme!!!Je ne le reverrais pas plus tard, préférant se coucher.
On me placa un monitoring pour vérifier la fréquence et l'intensité des contractions sans rien nous expliquer. On décida de demander à la SF. Elle nous annoncea qu'il y avait deux issues possibles : soit il s'agissait juste d'une fissure, soit d'une rupture de la poche des eaux, tout en nous spécifiant que si le BB naissait à ce terme (26SA), il n'aurait aucune chance de survivre. Après une 1/2 heure, ils juggèrent que les contractions n'étaient pas assez importantes et me placèrent au placard dans une chambre tout au bout du couloir sous perf pour me ralentir les contractions car il y en avait quand même. Mon Riri et moi étions déboussolés ne sachant ce qui allait encore se passer. M'ayant donné une forte de dose de Salbumol, je ressentis un mieux au niveau des contractions.
Ainsi, à 4h du mat, alors que je voyais mon riri piqué de nez, je lui conseilla de rentrer, que ça irait. Nous avions Pupuce à la maison et ma Mère aussi à rassurer. Donc, il fila se coucher à la maison, pensant qu'en cas d'urgence, on le contacterais.
Mais 1/2h après je savais inconsciemment que les choses avaient repris de plus belle mais je me persuadais que ça allait passer après chaque contraction. J'étais donc seule, avec ma perf qui n'agissait plus, à souffrir en silence dans le noir car j'essayais tant bien que mal de dormir pour me réveiller de ce cauchemar. Je n'avais pas de téléphone pour rappeler mon Riri et ni les infirmières ni les SF ne sont revenues me voir avant 8h.
A la relève du personnel, je me suis plainte de mes douleurs qui devenaient intenses mais on les a ignorées, on s'est même limite foutue de moi, en me priant de me tourner sur ma gauche pour que la perf agisse mieux (trop drôle).
On m'apporta mon déjeuner comme si de rien n'était et je me forças à manger entre 2 contractions, on fit même le ménage pendant que j'agonisais sur mon lit...

Et le comble fut cette infirmière (fraichement diplomée) qui venit pour me prendre la tension et la fièvre. Tout d'abord, elle me mit le tensiomètre à l'envers, je l'ai moi même mis dans le bon sens. Puis, elle osa me demander si j'allais bien. Lui faisant comprendre que je souffrais le martyr et cela depuis un bout de temps, elle m'affirma qu'elle alla chercher une SF ou le gygy mais je n'ai vu personne.

Donc, les contractions venaient les unes sur les autres, je sonnais à chaque contraction sur la sonnette mais personne ne venait ou si une aide-soignante dégna pointée son nez pour me dire d'arrêter d'appuyer et que le gygy arrivait. Mais bon ne voyant personne, je continuais d'appuyer, d'appuyer en vain...
Il faut tout de même savoir qu'avec mon placenta bac inséré, il y avait d'importants risques d'hémorragies!!!
Donc, sentant l'envie pressante de pousser et étant toujours seule comme à la primitive à souffrir en silence. Je ne vous parle même pas de celle psychologique ne sachant à quoi allait ressembler mon fils, ni même s'il allait vivre???
Dans un instant de lucidité, je pris mon courage à deux mains et me levat trainant la perf derrière moi et décida d'aller appeler moins même de l'aide. Mais la perf fut trop courte et je ne puis qu'entre ouvrir cette porte pour hurler que "mon BB arrive", "mon BB arrive", "je vais accoucher". Tout en continuant d'hurler et retournant me coucher, je sentis une forte gêne dans mon corps, je pouvais toucher la tête dans mon vagin prêt à sortir. Je ne sais pas si je lui ai touché son crane ou même un oeil. Mais je me précipita dans mon lit tout en retirant la perf vers moi et en pleurant toutes les larmes de mon corps par stupeur de devoir affronter tout ça.
Et en une seule poussée, mon fils débarqua entre mes jambes, nous venions d'accomplir un miracle tous les deux : accoucher dans des conditions extrêmes. Il me regardait attentivement, je lui caressas instinctivement son dos (qui faisait la grandeur de ma main), il avait pour petits cris un espèce de miaulements (si caractéristique des prémas) mais il cria à sa manière au monde entier son arrivée.
Je n'oublierais jamais ces quelques minutes passées en tête à tête avec lui sans fil ni assistance, où il ne demandait que de vivre. Je ne pensais qu'à lui sans me précoccuper de tout ce qui venait de se passer.
Et la magie de cette naissance fut brisée par la venue du gygy en courant (quand même), et s'écria en me voyant et dans tout le couloir "elle a fait sa fausse couche", allez après 6h de souffrances prends-toi ça dans les dents. Mon fils était là et on m'annonçait que c'était une erreur, quel tact!!!
Il coupa le cordon, jeta mon fils dans un plateau alu comme s'il était un objet, et  l'emmena voir le pédiatre. Combien de fois m'a-t-il répété qu'il aurait été préférable que mon fils décéde de suite compte tenu qu'il ne souhaitait pas le réanimer, et comment peut-on oser dire de telle chose à une Mère? Pour l'anecdote, ce fut le même gygy qui m'accoucha de Clara!!!

Et puis après ce fut le branlebas de combat, je n'avais jamais vu autant de blouses blanches et roses. Tous au petit soin et inquiet de mon état. Me posant des tonnes de questions sur mon passé et ma grossesse...Les minutes défilèrent à une allure pas possible, tout se bousculait dans ma tête, je cherchais désespéremment des nouvelles de mon fils et je tentais de l'entendre, de l'ebtrevoir dans le couloir. Une SF venat me rassurer en me disant qu'il était vigoureux et qu'il avait envie de se battre et qu'il criait bien pour son âge. Il fallut aussi s'occuper de la délivrance et de vérifier si tout allait à peu près pour moi et oui,  les souffrances n'étaient pas vraiment finies.

Il faut que je vous précise tout de même que j'ai accouché dans une clinique niveau I sans réa, ni néonat donc aucun moyen de le réanimer.
Grâce au ciel, il a respiré seul pendant quasiment 45 min mais on sera bien plus tard que toutes les conditions de sa naissance ont causé sa perte : manque d'intubation rapide, accouchement trop naturel (provoquant des hémorragies intracraniennes par ce qu'il a souffert), hypothermie (ma chambre n'était pas surchauffée comme en salle de naissance). Nous n'avons eu pas la moindre chance pour qu'il s'en sorte si bien sûr sa rage de vivre de revoir encore ses parents.

Et la Papa dans tout ça, on l'appela au bout d'une 1/2h, il débarqua à toute allure me voir en salle de naissance et entreaperçu son fils dans le couloir. Et oui, un enfant dans une couveuse bardée de fils, ça ne pouvait être que lui. Il fut transféré en samu au bout de 45 min et je le rejoignis sur l'hopital l'après-midi car il était hors de question de rester dans cette maudite chambre 115.
Ce fut le choc pour moi de voir mon Mari, j'avais honte d'avoir accouché seule et bien trop tôt. Aussitôt, on nous montra mon fils dans sa couveuse de samu avant son départ. HORRIBLE, il était branché de partout les yeux bandés, inerte. On me demanda si je voulais le caresser, bien sûr, je me disais que c'était peut-être la dernière. Alors je caressa sa petite joue et je lui ordonna de s'accrocher mais son Papa n'eut cette force car découvrir ainsi son fils pour la première fois  ça l'a anéanti. Après cet instant, nous avons éclaté en sanglots tous les 2 sachant que notre vie familiale venait de sombrer dans une turmente terrible, celle de la très grande prématurité. On ne peut malheureusement pas si préparer, c'est si précaire et fragile!!!


Voilà la naissance de mon fils le 17 décembre 2005 à 10h à 26 SA pesant 890gr, sa vie dans le service de réa fera l'objet d'un prochain article...
Pour tout vous dire vous êtes les premiers à qui je le raconte, mon Riri s'en chargeait d'habitude car les mots ne sortaient pas vraiment. Mais il faut souvent du temps avant de trouver les mots d'une telle douleur.




Au combat de mon Fils Rafaël...

Publié dans Notre Ange Rafaël

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C
<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> J'ai été très touchée par ton récit, quelle épreuve difficile.<br /> <br /> <br /> Avez-vous pensé à porter plainte contre l'hopital, c'est inadimissible de laisser une femme enceinte seule avec sa douleur et ses peurs.<br /> <br /> <br /> En tout cas tu as fait preuve d'un courage immense et admirable.<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> C'est vraiment horrible! Le système de santé français c'est vraiment quelque chose! Je crois qu'il ne faut faire confiance à personne et tout vérifier soi même et s'entourer de docteurs que l'on<br /> connaît histoire de mettre la pression aux professionnels de santé. En France on est très doués pour les protocoles mais dès qu'il faut réfléchir avec son cerveau il n'y a plus personne ou<br /> presque (il y a quelques rares exceptions heureusement)<br /> <br /> <br /> <br />
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C
Je suis infirmière et tout simplement horrifié par ce récit...au-delà d'un manque total de conscience professionnel, comment un etre humain peut à ce point se foutre éperdument de la souffrance physique et psychologique d'une femme accouchant prématurément...et de ce p'tit bout si fragile????? j'ai été bouleversé par cette lecture, tu as sû avec tes mots nous faire vivre une partie de ce moment si pénible... j'espère que tu as eu gain de cause car ce type de soignant ne mérite pas d'éxercer surtout dans ces services... en tout cas, bravo pour ton courage... j'éspère que tu as réussi à retrouver un équilibre... je m'émeu difficilement mais là, je n'ai pu qu'avoir les yeux mouillé...Une grande pensé pour vous et pour votre petit ange... Céline
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K
BRAVO pour ton courage et ta force de caractère. Ca  a du être un moment très dur. En tout cas les "non soins" que tu as reçus c'est inadmissible Quelle honte!
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M
bonjour,<br /> comment est ce possible ? je n'en reviens pas c'est honteux  j'ai les larmes au yeux il faut qu'il paye ses gens la c'est pas possible autrement pour que ca se reproduise jamais je suis de tout coeur avec toi moi je n'ai pas de bébé prematuré mon bébé a moi est handicapée a cause d'un gynecologue de clinique mais rien de comparable avec toi.<br /> je te souhaite tout plein de bonheur a toute ta petite famille et une pensée pour rafael qu'on ne pourras jamais oublié
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